Gabrielle A. Johansson • "Oh mon Dieu !" "Oui, mais tu sais, j'suis ta pote, tu peux m'appeler par mon prénom."

Ce fut un jour d'hiver, de février plus précisément, que je décidais de pointer mon nez, en compagnie de celle qui était serré avec moi dans le ventre de ma mère pendant 9 mois, Blake, ma jumelle. Ce fut donc dans l’hôpital de Stockholm que notre mère nous donna vie et la première chose que nous vîmes fut son visage, si épuisé mais pourtant si radieux. Bon, d'accord, je ne m'en rappelle plus exactement, mais j'imagine. Elle nous éleva seule, sans l'aide de personne. Nous ne connaissions pas notre père, il était pour nous un inconnu, mais un inconnu dont nous parlait quelques fois notre mère. Elle aimait nous raconter leur rencontre, se remémorant sûrement au passage quelques souvenirs de leur relation. On savait donc que notre père rencontre notre mère lors d'un voyage qu'il effectuait en Suède. Il est d'origine américaine et son voyage dura plusieurs mois, tout comme la relation qu'il eut avec notre mère, mais celle-ci se termina lorsqu'il dut repartir en Amérique. Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'il laissait derrière lui non pas une personne, Lily (notre mère) en l’occurrence, mais trois êtres. Elle était enceinte de Blake et moi, chose qu'elle essaya de dire à notre père, mais malgré plusieurs tentatives échoués à cause de sa famille, le message ne fut pas transmis comme souhaité.

Notre enfance était donc basé sur une mère trop présente et sur un père absent. Avec Blake, nous étions inséparables et liées comme jamais, comme le lien de jumelles peut le permettre, c'est-à-dire un lien fort, quasiment incassable et fusionnel. Rares étaient les moments où nous n'étions pas ensemble, c'était comme inconcevable à nos yeux d'être séparés l'une de l'autre. Même si nous nous ressemblions comme deux gouttes d'eau pour le physique (nous avons d'ailleurs fait chacune un tatouage différent pour se différencier), notre caractère n'était pas le même. On se ressemblait sur certains points, et sur les autres on se complétait, et c'était parfait ainsi. Notre mère était également très proche de nous, mais nous avions quelques petits secrets que l'on gardait rien que pour nous deux. A l'école, nous avions chacune nos amis mais cela ne nous empêcher pas d'être ensemble. Je me sentais presque jalouse quand je voyais de loin quelqu'un d'autre traîner avec ma soeur. Cette possessivité que j'avais s'est atténué avec le temps mais se réveille de temps en temps encore aujourd'hui, pas tout le temps heureusement.

Même si on nous confondait et qu'on trouvait ça amusant, on nous comparait également, ce que j'appréciais beaucoup moins et je n'hésitais pas à le dire. Le temps passait et nous grandissions, tout en nous ressemblant toujours autant. L'absence de notre père fut remplacer par un autre homme que notre mère avait rencontré il y a quelques temps. Mais malgré tous mes efforts, je ne pouvais apprécier cet homme qui se disait être mon beau-père tout en voulant avoir l'autorité de notre père. Ma soeur était du même avis que moi. J'avais beaucoup de disputes avec mon beau-père, n'appréciant pas son attitude envers moi, tout comme envers ma soeur et ma mère. Mais ce fut à l'âge de mes 16 ans que se produit un évènement que je pensais pouvoir que rêver : Blake et moi reçûmes une lettre de notre père biologique. Au début, j'étais perplexe face à cette écriture inconnue et qui portant signait en bas du papier "Votre Père". Mais cette perplexité se mélangea ensuite à de la joie. Une correspondance s'installa entre l'Amérique et la Suède, entre notre père et nous. Cela se passait merveilleusement bien, jusqu'à ce que notre père nous propose d'intégrer une université en Californie.

Nous étions en plein dans notre dernière année de lycée quand il nous proposa cette option. Aller en Californie pour nos futures études ! C'était un des ses rêves dont on pouvait penser qu'il ne resterait qu'un rêve. Notre mère ne fut pas contre cette proposition, surtout si elles pouvaient nous permettre de rencontrer enfin notre père. Un regard complice avec Blake insinuait notre choix et nous répondions positivement à sa demande. Il fallait remplir des formalités avant de savoir si nous étions acceptés ou non dans cette prestigieuse université. J'attendais impatiemment cette réponse tant attendue, nous étions avec Blake dans un état presque euphorique, et celui-ci s'accentua quand nous sûmes que nous étions admises. Au revoir maman, au revoir le froid, bonjour le soleil et bonjour papa !

Blake est moi choisîmes le même campus, nommé Berkeley, mais nos chemins se sont ensuite séparés. Mes études se dirigèrent vers la photographie. Je voulais vivre ma passion à fond et explorer cet art sous toutes ces facettes. Je décidais d'aller dans la fraternité qui réunissait ceux qui privilégiaient l'amitié et la fête, les Alpha Omicron PI. On pouvait donc voir plus directement les différences qu'il y avait entre ma jumelle et moi, choses qui étaient moins percevables auparavant. Malgré la séparation, pas très grande mais cependant plus présente qu'avant, notre relation restait inchangée. Cette nouvelle vie à l'autre bout du globe ne me déplaisait pas, m'y étant habituée assez rapidement. Je profitais de chaque instant présent, comme j'avais toujours su le faire depuis tant d'années.